Au conseil de surveillance de l’hôpital de Montfermeil du 14 juin, Dominique Dellac a proposé une motion de soutien aux personnels hospitaliers en grève. Monsieur Schumacher, qui présidait la séance à la place du maire, n’a pas voulu mettre cette motion au vote. La démocratie fait peur à certains. Voici le texte de cette motion :
« Depuis maintenant des mois, les professionnels de santé sont mobilisés pour dénoncer la casse du service public de santé et réclamer les moyens nécessaires à l’exercice de leurs missions.
Mardi dernier, les syndicats ont appelé à la mobilisation. Ce samedi 15 juin, la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité appelle aussi à une grande journée d’action décentralisée. Et partout, des services d’urgence poursuivent la grève et alertent sur un « point de rupture jamais atteint », comme l’a par exemple exprimé il y a quelques jours le président de Samu-France.
C’est dans ce contexte que Mme Buzyn, ministre de la Santé, a présenté son projet de loi Organisation et Transformation du système de santé. « Ma santé 2022 » poursuit les lois précédentes mises en œuvre par Roselyne Bachelot et Marisol Touraine.
Reposant sur des critères comptables imposés par Bruxelles qui font la part belle au privé au détriment du public, cette réforme qui sera pour l’essentiel votée par ordonnances favorisera le secteur privé, continuant ainsi d’obéir à la logique déjà bien engagée de marchandisation du secteur de la santé, au détriment de l’intérêt général de nos concitoyens.
Ce projet de loi n’est pas la hauteur de la crise de l’hôpital public et des difficultés d’accès aux soins dans notre pays, et particulièrement en Seine-Saint-Denis où tous les indicateurs sont au plus bas et en-dessous des moyennes nationales et régionales, qu’il s’agisse de la densité médicale (3, 1 médecins pour 1000 habitants quand le taux régional est de 5,1 et de 5,7 en France métropolitaine); de la mortalité prématurée
(190 / 100 000 h dans notre département contre 113 en Ile-de-France) ou encore de l’IDH (indice de développement humain qui prend en compte l’espérance de vie à la naissance : 0,39 contre 0,57 en IDF). Ces chiffres sont connus et l’Agence Régionale de Santé en fait le constat. Mais constater ne suffit pas.
La crise des urgences est le symptôme le plus flagrant de la crise de la santé publique. Quand il n’y a pas assez de médecins de ville, que les prises de rendez-vous pour des consultations de spécialistes prennent des mois, qu’on supprime des lits, des services, qu’on pèse sur la masse salariale, alors, fatalement, les urgences sont saturées.
Les personnels hospitaliers, aux urgences et dans les services, sont, quant à eux, au bord de l’épuisement professionnel généralisé et les syndicats tirent la sonnette d’alarme face au nombre croissant de burn-out et de suicides.
Pourrait-on faire autrement ? Oui. Cette dégradation à marche forcée est-elle inéluctable ? Non. C’est une question de choix politiques. Des solutions existent, un projet alternatif de santé pour faire face à l’urgence sanitaire est proposé par les parlementaires du groupe communiste au Sénat et à l’Assemblée.
Par exemple, créer 100 000 emplois statutaires par an pendant 3 ans dans les filières gériatriques et les EHPAD, revaloriser les carrières et les rémunérations, la mise en place d’un pôle public du médicament…
Cela suppose un plan d’investissement pour une santé de qualité accessible à toutes et tous, financé par la suppression de la taxe sur les salaires dans les hôpitaux, la suppression du CICE et du CIR, des exonérations de cotisations patronales et une véritable lutte contre la fraude patronale aux cotisations sociales.
Il est temps d’investir massivement dans la qualité de nos établissements et dans les recrutements pour répondre aux besoins humains. Notre pays en a les moyens. »