Le projet de loi ELAN ((Évolution du logement, de l'aménagement et du numérique) présenté le 4 avril dernier en conseil des Ministres, souhaite donner un nouveau souffle au logement. Sous couvert de modernisation, il met à l’ordre du jour des sujets aussi variés que la mise au pas des plateformes de location en ligne, la lutte contre les marchands de sommeil ou la fusion des société HLM.
Si certaines mesures semblent intéressantes, d’autres attirent l’attention des défenseurs du logement public. La fusion des sociétés HLM, par exemple, va créer des méga structures et éloigner les locataires de leurs gestionnaires, et les bailleurs
de la réalité du terrain. L’intérêt n’est en fait que financier : créer des entités aux seins desquelles il y aurait une meilleure circulation des fonds et où des économies d’échelle pourraient se faire.
Le rêve du « tous propriétaires » lancé par Sarkozy est remis au goût du jour. L’objectif de passer de 8.000 à 40.000 logements HLM vendus par an n’est en fait qu’un pansement pour pallier le désengagement financier de l’Etat. Est-ce une si bonne idée de faire devenir propriétaire des ménages les plus modestes ? Nous savons, sur nos territoires, à quel point les grandes copropriétés sont fragiles lorsqu’il n’y a plus de soutien d’un tiers pour suivre le paiement des charges et l’entretien du bâti. Sans compter, que ces logements auront été construits avec l’argent public, celui des collectivités locales, les impôts de tous, et partiront finalement vers le privé, d’abord aux locataires ou à des ménages plus solvables, mais libres à eux ensuite de remettre sur le marché à des tarifs qui ne seront plus réglementés… Cette accélération des ventes de HLM va aussi faire sortir de nombreux logements du secteur social alors que les besoins restent importants à l’heure où la construction de nouveau logements est au ralenti… La création d’une structure qui pourra acheter des logements sociaux puis les revendre à la découpe est une autre façon de se désengager.
Que dire enfin de la création d’un bail précaire, de 1 à 6 mois ? Il aurait pour but de remettre sur le marché des logements que des propriétaires frileux refusent pour le moment de louer, ou de répondre aux besoins de salariés en missions courtes...
Flexibilité, modernité, économies et désengagement de l’Etat : ce projet de Loi ressemble à tous les autres projets du Gouvernement : casser ce qui fonctionne pour privatiser plus.