Selon une étude britannique publiée le 23 janvier par Richard Murphy, spécialiste de la fiscalité à l’université de Londres, l’évasion fiscale a représenté entre 750 et 900 milliards d’euros de manque à gagner pour les États membres de l’Union européenne en 2015. La France aurait perdu 120 milliards. « J’ai regardé le budget 2019, ces 120 milliards d’euros qui échappent à la France représentent les recettes cumulées de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les sociétés et de la taxe sur les produits énergétiques. C’est énorme ! » pointe le sénateur communiste Eric Bocquet.
L’exigence de transparence fiscale, sur tous les types d’impôts, est plus que jamais nécessaire. Richard Murphy propose la mise en place d’un registre public et centralisé des multinationales et des trusts, dans tous les États membres de l’UE, capable de fournir à toutes les administrations fiscales les données de comptabilité et de propriété. Une proposition partagée par le PCF. « On a débattu récemment au Sénat de la convention fiscale entre la France et le Luxembourg, qui date des années 1950 et qui n’a ni évité le scandale Luxleaks ni le fait que tous les bénéfices de McDonald’s France soient transférés vers la holding au Luxembourg et échappent ainsi à l’impôt, illustre le sénateur. C’est pour cela qu’on n’a pas voté cette convention fiscale, mais également parce que, selon nous, la transparence doit être universelle et pas seulement bilatérale », poursuit-il. Il insiste aussi sur l’importance de la création d’une liste crédible des paradis fiscaux, puisque aucun pays de l’UE n’y figure actuellement. « On propose aussi d’accroître fortement les pouvoirs du Parlement européen sur ces questions car, jusqu’ici, tout est dans les mains de la Commission, et elle est dirigée par Juncker et on peut douter de sa sincérité à lutter contre ce fléau », conclu Éric Bocquet.