A Montfermeil, le 12 juin 2014,
Monsieur le Maire,
Monsieur l’Adjoint au Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Elus, nous sommes interpellés chaque jour par des parents d’élèves inquiets de l’application locale de la réforme des rythmes scolaires.
Des pétitions circulent sur la commune, des parents d’élèves, élus ou non, ont été reçus, sans plus de réponses que celle que Monsieur le Maire a pu nous donner en Conseil Municipal du 23 avril lors d’une question posée par les élus Front de Gauche à ce sujet : « je décide, je tranche ».
Je voudrais d’abord rappeler nos réserves concernant la réforme Peillon.
Celle-ci présente à nos yeux une grave lacune : son objectif n’est pas de lutter contre l’échec scolaire, qui devrait être la priorité de toute réforme de l’Education nationale. Les études internationales le prouvent : l’échec scolaire est en augmentation dans notre pays. La cause principale est connue : la suppression depuis une dizaine d’années, notamment avec la réforme Sarkozy/Chatel, d’un temps d’enseignement équivalent à une année scolaire pour le primaire.
Il faut donc redonner du temps d’enseignement à l’école. Bien sur, cela demande un investissement budgétaire de l’Etat, car l’Education nationale est du ressort de son budget. Or, le gouvernement est prisonnier de sa politique d’austérité et de réduction des services publics. Il a donc décidé de transférer la dépense sur les communes et de transformer le temps supplémentaire passé à l’école en temps d’animation.
Bien sûr, il ne s’agit pas de nier l’intérêt des activités d’éveil et du travail d’animation, mais celui-ci ne saurait être confondu avec un temps d’enseignement, d’acquisition de connaissances et de compétences.
Il ne s’agit pas non plus de nier l’intérêt d’adapter les temps d’enseignement aux rythmes des enfants.
Mais cette réforme apparaît comme un pis-aller qui ne s’attaque en rien au problème majeur de l’Education nationale : le décrochage et l’échec scolaire d’un trop grand nombre d’élèves. Et en transférant la dépense publique sur les communes, et donc sur l’imposition locale, elle induit d’importantes conséquences.
Confrontées à la dépense, certaines communes ont décidé de faire payer les activités d’animation, remettant en cause le principe de gratuité de l’école publique ; naturellement, elles deviennent alors facultatives ; d’autres communes se contentent de garderie sans contenu éducatif.
Cette réforme introduit donc des inégalités territoriales en fonction des situations budgétaires et des politiques communales, remettant en cause le principe d’unicité de l’Education nationale sur l’ensemble du territoire national. Et bien souvent, ces inégalités territoriales redoublent les inégalités sociales.
En bref, notre positionnement est clair depuis longtemps.
Cependant, puisqu’elle est votée, cette réforme doit s’appliquer de la meilleure façon possible.
Elle implique des activités de qualité, animées par des professionnels. Des activités gratuites et à destination de tous les élèves.
Elle implique également une large consultation de tous les parents. Car les nouveaux horaires mettent souvent en cause l’organisation de la vie familiale, voire professionnelle, qu’il s’agisse du choix entre le mercredi et le samedi, de l’horaire et de la durée de la pause méridienne ou de l’heure de fin d’école. Et cette « large consultation » n’a pas eu lieu. Vous avez l’intention d’imposer vos choix personnels. Vous qui vous plaisez à disserter sur l’importance des parents dans l’éducation de leurs enfants, vous ne leur donnez pas la liberté d’exprimer leur choix :
Les comités de pilotage dont vous parlez dans vos courriers n’ont jamais eu lieu, les représentants des parents d’élèves et les associations ont à peine été concertés…
Mais il ne s’agit pas uniquement du choix d’une demi-journée supplémentaire. Certes, votre choix unilatéral du samedi matin et votre proposition d’horaires tranchent (non sans remous) la question des rythmes, mais vous faîtes toujours l’impasse sur la question des contenus :
-La pause méridienne allongée n’est pas sans poser question pour les enfants arrivés tôt et dont les écoles n’ont d’autres choix d’effectuer des services en deux fois ou continu par manque de place.
-L’organisation concrète des fins de journée n’est pas encore parvenue à l’ensemble des familles (nous sommes le 18 juin !) : horaires et tarifs de l’étude ou de l’accueil périscolaire, passage de l’un à l’autre pour les enfants dont les parents travaillent… Les familles informées ne comprennent pas toujours comment cela va s’organiser, alors que les inscriptions commencent cette semaine dans les services municipaux.
-L’absence totale de TAP, laissant certains enfants à la porte de l’école à 15h45, laisse songeur. Le coût pour les familles n’est toujours pas clair, et il est pourtant primordial pour les trop nombreux ménages où chaque euro compte. Nous questionnons l’usage de la subvention de l’Etat pour la mise en place de ces TAP qui ne sera pas assurée ?
Nous pensions que le choix par la Municipalité d’appliquer la réforme à la rentrée 2014 servirait à concerter largement les personnes concernées et à co-construire un projet éducatif territorial ambitieux et de qualité. Hors, les associations viennent à peine d’être contactées, et il n’y a pas l’ombre d’un projet éducatif territorial complet, pourtant rendu obligatoire.
Elus, membres du Front de Gauche, nous vous réinterpellons à ce sujet.
Les élus du Front de Gauche