Je suis particulièrement heureuse d’inaugurer avec vous cette belle exposition dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine. Pour plusieurs raisons.
D’abord ce partenariat noué entre le musée du travail et l’association Contrastes permet de faire dialoguer des collections permanentes qui témoignent de ce que fut ici le travail avec le travail d’artistes contemporains qui revisitent ces belles collections en établissant des passerelles entre travail d’hier et d’aujourd’hui, entre travail manuel et intellectuel, entre l’ouvrage et l’œuvre.
Ils le font avec leur sensibilité propre, de façon réaliste ou poétique, parfois avec humour… et nous rappellent qu’artiste et artisan ont été synonymes jusqu’à la fin du 17ème siècle, et que la beauté était à l’origine celle de l’ouvrage bien fait.
Car originellement, l’« artisan » est celui qui met son art au service d’autrui. Par la suite, artiste s’est appliqué à ceux qui utilisaient leur art pour leur agrément, quand l’artisan procédait des arts mécaniques – liés au travail de la main.
« Les artistes de l’association Contrastes regardent cet héritage culturel, ces outils usés par la main de l’artisan ou du paysan, ces matériels où l’ingéniosité va souvent de pair avec la beauté, sur ces ustensiles dont la forme, le galbe, révèlent la précision du geste de l’ouvrier. »
Cette approche originale autour de la notion de travail me réjouit d’autant plus que je suis Présidente du Comité départemental du tourisme.
Et, si dans ce département, nous disposons d’éléments patrimoniaux qui ont traversé les temps - que ce soit la basilique de Saint-Denis ou l’église Saint-Pierre-Saint-Paul et son crucifix de Rudé, ce qui fait patrimoine ici, c’est d’abord et avant tout le travail. Car il n’y a pas de patrimoine que les monuments chargés d’histoire. Notre patrimoine, ici, ce sont les activités humaines qui ont façonné le territoire et son histoire, ce sont les activités agricoles et artisanales remplacées au tournant du siècle dernier par l’activité industrielle.
Ce qui fait notre richesse dans ce département de la Seine-Saint-Denis, c’est bien le patrimoine immatériel, la trace laissée par les hommes et les femmes, cette grande richesse humaine.
Ce n’est donc pas un hasard si la Seine-Saint-Denis abrite les réserves du Musée des arts et métiers, accueille l’Institut national du patrimoine, qui vient de s’implanter dans l’ancienne manufacture d’allumettes à Aubervilliers, joyaux de l’architecture industrielle entièrement restauré, ou encore les ateliers de moulage du Louvre.
Merci donc au musée du travail et à l’association Contrastes de proposer ce parcours qui fait dialoguer d’une bien belle façon ouvrages et œuvres.