Depuis qu’en 1988, le maire de l’époque, Pierre Bernard, décidait de ne plus commémorer la mort de Daniel Perdrigé, maire communiste de notre ville, un des 99 otages fusillés par les nazis au mont Valérien, le 15 décembre 1941, la section du PCF perpétue son souvenir.
En cette année 2018, fortement marquée par les commémorations de la fin de la première guerre mondiale sur le front occidental, chacun peut mesurer combien l’aspiration des peuples à la paix se heurte à un système économique, tout entier orienté vers la recherche du profit. Si l’histoire officielle nous apprend que l’assassinat le 28 juin 1914, à Sarajevo, de l’archiduc François-Ferdinand par un nationaliste serbe, est l’élément déclencheur de la Première Guerre mondiale, elle reste très discrète sur les enjeux économiques de ce conflit et notamment l’appétit suscité par les immenses colonies que s’étaient constitués la France et les empires britannique et allemand. Le conditionnement de l’opinion publique par les va-t’en guerre de l’extrême droite aura raison des efforts désespérés en faveur de la paix de l’Internationale socialiste et de Jaurès, assassiné le 31 juillet, deux jours avant la mobilisation générale dans notre pays. Anatole France, ce grand écrivain, emporté dans un premier temps par l’Union sacrée, dans une lettre adressée à Marcel Cachin directeur de l’Humanité, publiée le18 juillet 1922, écrivait : « on croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels ».
Quelques années plus tard, c’est l’étranglement économique imposé à l’Allemagne par le traité du Versailles du 28 juin 1919 qui porte en lui les ferments qui conduiront Hitler au pouvoir. Avec le soutien des grands industriels, et bénéficiant de la complaisance des milieux d’affaires d’Europe et de France pour qui « mieux vaut Hitler que le front populaire » la Seconde guerre mondiale laissera les peuples exsangues et fera la fortune du capital, américain surtout..
Les drames de l’Histoire ne brisent pas l’appétit du capitalisme, elles le nourrissent mais il se heurte au désir de justice, d’égalité et de fraternité des peuples. Dans la dernière lettre qu’il adresse à sa femme, de la prison du Cherche Midi, Daniel Perdrigé dit son rêve brisé de vivre dans un monde apaisé. Force est de constater que le combat qu’il a mené jusqu’à l’ultime épreuve n’est pas achevé. Des millions de femmes et d’hommes l’ont poursuivi mais cela n’a pas encore permis d’inverser le rapport des forces. Des pays d’Europe telles l’Italie et la Hongrie, mais aussi des Amériques, telles les Etats-Unis et le Brésil, se donnent des gouvernements d’extrême droite qui détournent sur les immigrés les souffrances qu’impose le capitalisme aux peuples.
Le spectre des pouvoirs totalitaires se dresse à nouveau.
Dans notre pays, le fruit des richesses produites va davantage chaque année, depuis plus de 30 ans, grossir la part des actionnaires au détriment des salariés et de l’investissement. Avec un président élevé au lait du biberon de la banque Rothschild, se poursuit à marche forcée une politique en faveur du capital, qui s’attache à faire disparaitre l’héritage du Conseil National de la Résistance. Les premiers de cordée se gavent, le cadeau somptueux de 99 milliards cumulés pour le CICE, a rendu amnésique le patron du Medef, promettant, pin’s à la boutonnière, un million d’emplois. La théorie du ruissellement chère à la droite apparait pour la duperie qu’elle est. La richesse insolente est bien le produit du vol de millions de gens dont les plus maltraités, 9 millions, vivent au-dessous du seuil de pauvreté. C’est à cause de cela que s’exprime depuis des semaines une colère profonde, puissante à laquelle le président a apporté des réponses, essentiellement financées par l’impôt, que le journal l’Humanité du 11 décembre résumait en une phrase : « Pas touche aux riches ! »
Depuis son élection, M. Macron est resté sourd aux revendications portées par les syndicats, par les parlementaires communistes et de la France Insoumise. Aujourd’hui, il est honteux que le gouvernement et la droite se saisissent du tragique attentat de Strasbourg, qui suscite notre compassion pour ses victimes, pour mettre le couvercle sur les aspirations populaires.
Nous avons aussi des raisons locales d’être préoccupés.
Une nouvelle fois, Xavier Lemoine porte la honte sur notre commune en s’affichant le 1er décembre dernier aux côtés de Marine Le Pen lors d’un « colloque » organisé à l’Assemblée nationale par le Rassemblement National sur le thème de « l’ensauvagement de la société ». Notamment dans les « zones de non-France », concept forgé par le mouvement d’extrême droite pour associer le non-droit et l’immigration. Xavier Lemoine y était, en tant que témoin privilégié, fort de son « expertise de maire » d’un de ces endroits, notre ville, menacés de sombrer dans « l’ensauvagement » et le « terrorisme civil », à en croire la présidente du RN.
C’est le même Xavier Lemoine qui, le 22 décembre 2009, invité par le secrétaire de la section du PCF, à commémorer la mort de Daniel Perdrigé, répondait : « hélas, je constate qu’avec persévérance… vous vous acharnez à travestir l’histoire et plus particulièrement l’attitude et les actions du Parti communiste, au début de la seconde guerre mondiale. Aussi je ne peux cautionner par ma présence à la cérémonie un tel révisionnisme historique. »
Nombre de communistes n’attendront pas l’invasion de l’URSS pour résister, puisque c’est à cela que M. Lemoine fait référence sans le dire explicitement. Malgré l’interdiction du PCF, la déchéance de ses élus, l’arrestation de centaines de militants, qui désorganisaient profondément le Parti. Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Au même moment, Jacques Duclos et Maurice Thorez entrés dans la clandestinité, signent un appel au peuple de France dans lequel on lit : « Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ». C’est ce tract, trouvé dans une boite à lettres proche de son domicile qui servira, après dénonciation, de prétexte à l’arrestation de Daniel Perdrigé.
Le 11 novembre dernier, lors de l’appel des morts pour la France, le nom de Daniel Perdrigé n’a pas été, et c’est une première, suivi de son titre « maire de Montfermeil ». Il y a deux ans l’école maternelle qui portait le nom de Danielle Casanova, une résistante communiste morte à Auschwitz le 9 mai 1943, était débaptisée. Et c’est M. Lemoine, en expert probablement, qui nous traite de révisionniste !
Chers amis et chers camarades, les combats de Daniel Perdrigé, qui fut président du comité de chômeurs de Montfermeil avant de devenir maire, qui apporta son soutien aux républicains espagnols sont toujours d’actualité dans la France de 2018. A ceux qui feindraient d’en douter, nous affirmons que notre soutien aux luttes qui se développent aujourd’hui ne relève ni de l’opportunisme, ni de la récupération : c’est notre raison d’être.