La réforme de la SNCF est idéologique, dit le secrétaire général des cheminots CGT, Laurent Brun. Sans doute, et cela depuis le départ. On a demandé à un « expert » libéral un diagnostic et des propositions concernant une grande entreprise publique, et à la sortie, miracle, on a quoi ? Un rapport libéral. Mais on ne trouve jamais dans le chapeau du prestidigitateur que le lapin qu’il y a mis. Eut-on demandé un rapport à des experts proches de la CGT, ou à des économistes critiques, parions sans trop de risques que les hypothèses de travail auraient été bien différentes.
La CGT d’ailleurs a présenté au premier ministre un document de 60 pages avec ses propositions, en vain, semble-t-il, puisque, de toute manière, les choix sont déjà faits, y compris avec la volonté, exprimée là aussi depuis le départ, de trancher par ordonnances. Voilà ce que vaut la concertation vantée par le gouvernement. On reçoit les syndicats un par un, on les écoute ou on fait semblant, mais de toute manière, on ne les entend pas.
Prend-on vraiment la mesure de la violence du gouvernement dans cette affaire ? Après avoir fait des cadeaux aux très riches, le président n’hésite pas, au salon de l’agriculture, à opposer les cheminots, ces « privilégiés », aux paysans qui ne peuvent plus tirer un salaire de leur travail. Sait-on que le régime spécial des cheminots, cette conquête sociale, est d’abord financé par les cheminots dont les cotisations sont plus élevées (79% contre 68% dans le régime général) ?
Sait-on que des agents qualifiés, bien formés, avec des contrats stables et correctement rémunérés coûtent au final moins cher, pour un travail de bien meilleure qualité, qu’une myriade de sous-traitants ?
Et voilà donc que la seule réponse du gouvernement serait d’avancer à marche forcée vers une privatisation larvée, alors même que toutes les expériences faites en la matière dans les pays voisins se soldent par des échecs cuisants.