A l’origine, la résidence des Bosquets a tout pour plaire : des logements spacieux, lumineux, avec ascenseurs et chauffage collectif, la proximité du bois de Bondy avec un projet d’autoroute censé la relier aux pôles économiques majeurs proches. La population de la cité vient alors de tous les horizons, sociaux, culturels. Mais de crise financière en crise immobilière, la valeur des appartements va s’effondrer. Les propriétaires vont se désengager du paiement des charges d’entretien, laissant les lieux se dégrader rapidement, et le projet de rocade est abandonné. Les classes moyennes fuient le quartier et la ghettoïsation s’opère.
Echec des politiques de la ville successives, stigmatisation du quartier à des fins électorales par les maires de droite depuis 1983… le lecteur ne parvient pas à se défaire du sentiment que les habitants de la cité subissent une sorte de fatalité. L’espoir n’apparaît qu’à travers des trajectoires personnelles, comme celle de Ladj Ly dans le cinéma ou le redressement du club de foot avec Abdelazziz Kaddour. Le plan de rénovation urbaine y apparaît comme une victoire. Pourtant, si le décor est plus vivable, le chômage et les difficultés sociales persistent.
Avec l’implantation de l’ Atelier Médicis et la perspective de l’arrivée du métro Grand Paris Express, la conclusion de l’ouvrage reste en suspens, tout comme les responsabilités politiques de la situation jamais clairement pointées, alors que les élus de gauche les ont dénoncées avec constance et vigueur.