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Il y a 55 ans : Charonne

fanny commemo

Comme chaque année, les communistes de Montfermeil et leurs amis commémorent l’assassinat de Fanny Dewerpe. Cette année, c’est Jacques Robert qui prononça une courte allocution :

« Le 8 février 1962, une manifestation contre les crimes de l'OAS et pour la paix en Algérie, interdite par le gouvernement, se termine par un massacre commis par les unités spéciales de la police sous l'autorité du Préfet Papon, faisant neuf morts et des centaines de blessé-e-s.

La veille, dix attentats perpétrés par l'OAS avaient eu lieu à Paris, visant des hommes politiques, des journalistes, des écrivains. Une fillette de quatre ans et demi (Delphine Renard) est défigurée et rendue aveugle suite à l'un d'entre eux dirigé contre André Malraux.

Les ultras de l'Algérie française, dont l'OAS est le bras armé, n'acceptent pas la déclaration du Général de Gaulle sur le Â«droit à l'autodétermination du peuple algérien», que 75% des Français approuvent par référendum. Ils organisent deux putschs, en 1960 et 1961, qui échouent, et commettent des centaines d'attentats et d'assassinats dans la perspective de prendre le pouvoir, poursuivre la guerre et refuser l'indépendance.

Au lendemain des évènements de Charonne, l'émoi est considérable dans le pays : un million de personnes assistent aux obsèques des victimes à Paris. Des millions de travailleurs cessent le travail. Le Général de Gaulle décide aussitôt la reprise des négociations avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne, qui aboutiront aux accords d'Evian reconnaissant l'indépendance de l'Algérie.

Le 9 mars, c'est le cessez-le-feu. « Le 19 mars 1962, l'Algérie et la France connaissaient leur première journée de paix depuis… 132 ans ! Â», écrit Alain Ruscio, historien.

Parmi les neuf morts de ce drame, outre Fany Dewerpe qui habitait Montfermeil, deux autres membres du PCF résidaient dans les villes de Clichy-sous-bois et Gagny : Édouard Lemarchand, 41 ans, artisan menuisier, qui militait dans plusieurs associations sportives et de solidarités (le cross Edouard Lemarchand fut longtemps une épreuve populaire à Clichy/S/Bois) et Hippolyte Pina, 58 ans, maçon qui avait quitté l'Italie en 1922 pour fuir le fascisme et qui fut très actif dans la lutte

contre Franco en Espagne et au sein des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) avec lesquelles il participa à des sabotages contre l'occupant nazi, qui lui valurent d'être décoré de la croix de combattant.

Fanny Dewerpe, 31 ans, née Kapciuch, était fille d'immigrés juifs de Pologne. Elle avait échappé aux rafles des nazis et de la police française. Militante à l'Union des jeunesses Républicaines de France, elle était également membre de l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide. Elle avait épousé André Dewerpe, dont le père et l'oncle payèrent de leur vie leurs luttes pour la paix et la démocratie. Elle militait à la CGT et au PCF.

Cette cérémonie m'autorise à lancer un appel pour que chacune et chacun soit porteur de la mémoire de ce crime d’État resté impuni. Car, comme l'écrivait Pierre Paraf, ancien Président du MRAP : Â« la pire que l'on peut faire aux victimes, c'est l'oubli Â». Enfin je vous informe qu'un livre document est disponible depuis peu en librairie : Â« Un crime d’État métro Charonne 8 Février 1962 Â», ouvrage collectif dirigé par le Comité Vérité et Justice pour Charonne. Ce recueil, riche d'informations et de témoignages sur ce tragique événement, relate également la guerre d'Algérie qui dura sept longues années.

 

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