11 novembre : la laïcité et la lutte pour la paix bafouées.
La cérémonie du 11 novembre a été marquée cette année par une fréquentation sensiblement plus importante que les années précédentes, notamment en raison de la participation remarquée de nombreux enfants des écoles et collèges et du chœur Arpeggione qui ont interprété La Marseillaise. La réception à l’Hôtel de ville a permis de voir une dernière fois l’exposition du service des archives municipales qui présentait des objets et documents très émouvants prêtés par des habitants, et celle du Vieux Montfermeil qui retraçait l’année 1914 à Montfermeil
et Clichy en s’appuyant sur des sources documentaires locales dont certaines inexplorées jusqu’alors.
Mais pourquoi le programme officiel de cette manifestation a-t-il débuté par une messe à l'église Saint-Pierre Saint-Paul ? Certes, des croyants, là en l'occurrence les catholiques, voulant ce jour entendre la messe, et prier pour la mémoire des morts de la Grande Guerre doivent avoir toute liberté de le faire. Mais est-ce bien le rôle d’une municipalité d'une France, constitutionnellement laïque, d'inclure dans une cérémonie officielle la participation à un culte ?
Non, bien sûr, mais M. Lemoine, maire, vice-président du parti chrétien démocrate, soutien de « la manif pour tous » et d’Hervé Mariton, candidat des plus droitiers à la présidence de l’UMP, s’en moque.
La laïcité ne relève pas de ses valeurs.
Sur le parvis d’Hôtel de Ville, il a commencé son discours par un poème imprégné de mysticisme de Charles Péguy, avant de poursuivre un long plaidoyer sur « l’union sacrée », et de saluer la clairvoyance du poète. Le même qui écrivait dans Le Petit Journal du 22 juin 1913 : « Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès. Nous ne laisserons pas derrière nous un traitre pour nous poignarder dans le dos »
La lutte pour la paix défendue jusqu’au bout par Jaurès était un crime pour le nationaliste Péguy. Pour M. Lemoine aussi ?