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Obsèques de notre ami et camarade Enio Troiano

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Les obsèques de notre ami et camarade Enio Troiano ont eu lieu le mercredi 18 juin. A cette occasion, Pierre Girault, s’est exprimé au nom de la section du PCF de Montfermeil-Coubron.

 

Quand ses parents s’installent en France en 1947 et entament aussitôt les démarches pour obtenir la nationalité française, Enio n’a pas encore 7 ans. Le petit immigré devient lui aussi Français.

Il vit dans un milieu où l’engagement politique coûte cher. Son oncle, qui a fait la guerre d’Espagne dans les Brigades Internationales a été assassiné par les fascistes italiens

en rentrant au pays ; son père imprimeur, a connu les prisons de Mussolini pour avoir édité des tracts antifascistes. Il n’est pas adhérent d’un parti mais dès qu’il arrive en France il devient lecteur de l’Humanité.

Quand certains nient la lutte des classes, Enio, lui, la vit. Et c’est assez naturellement qu’il devient membre du PCF en 1965, même si son choix suscite l’inquiétude d’une mère traumatisée par la répression qu’a connue les êtres qui lui sont cher.

La vie d’Enio est celle d’un engagement. Engagement contre l’injustice et les inégalités, engagement pour la paix. Comme tant de militants de sa génération les manifestations contre l’intervention américaine au Vietnam, pour la paix et l’indépendance de l’Algérie, pour la libération de Mandela et la fin du régime d’apartheid en Afrique du Sud, ont approfondi ses convictions anti impérialistes. Enio veut comprendre le monde pour le transformer. Il lit énormément, plusieurs heures chaque jour, la presse communiste bien sûr mais pas seulement. Après son adhésion il suit avec sa femme les cours de l’Université Nouvelle où sont enseignées la philosophie, l’histoire, l’économie. Il dévore des milliers d’ouvrages d’auteurs du monde entier et sa curiosité se manifeste dans l’éclectisme de ses choix : littérature classique et policière, cinéma, ouvrages historiques, politiques et philosophiques… Ceux qui l’ont côtoyé, se souviennent de son impressionnante bibliothèque et de son érudition. Il comprend vite, a une excellente mémoire, s’exprime aisément, ne rate jamais l’occasion de faire partager ses enthousiasmes. Je me souviens même d’une escapade en forêt dans une période politique dense, où il nous avait lu un article de l’Huma du jour qui lui avait beaucoup plu pendant que nous concentrions tous nos efforts à la recherche de cèpes ou de girolles.

Enio participe activement à la vie de sa cellule et de la section du PCF dont il est un des dirigeants. L’envie de faire partager ses idées le conduit tout naturellement à devenir dans son quartier un diffuseur actif de la presse communiste qu’il lit et qu’il défend, mais aussi pour laquelle il écrit. Car avec d’autres camarades, il apporte sa contribution pendant une vingtaine d’années à la rédaction de l’hebdomadaire d’information locale La Renaissance, qui deviendra 93 Hebdo avant qu’en 2001 au moment de la disparition de ce journal, il participe à une autre aventure avec la création de « Clichy-sous-Bois/Montfermeil l’Hebdo » qu’il nourrira chaque semaine de ses écrits jusqu’à ce que la maladie le prive de ce bonheur de faire partager ses enthousiasmes et ses colères. Il était toujours, au moment de son décès, directeur de publication de l’Hebdo.

Ses engagements il les construit au plus près de la vie des gens et deviendra conseiller municipal en mars 1971, une fonction qu’il assurera sous l’autorité de Michel Rosenblatt puis de Gilles Guimet jusqu’en 1983. En se consacrant plus particulièrement à l’environnement et aux travaux, il met au service de la population ses compétences professionnelles de commis d’architecte.

 

Ferme dans ses convictions, débatteur passionné, contradicteur pugnace, animé par la volonté de convaincre, Enio reste souriant et convivial, courtois, respectueux de ses contradicteurs.

Cette gentillesse l’habite encore quand il parle des siens, de sa femme, de ses enfants, de ses petits enfants. Il dit le plaisir des rencontres familiales, sans emphase. Ce bonheur s’exprime avec des mots simples et beaucoup de pudeur. En ces moments difficiles, nous pensons beaucoup à vous et nous vous disons qu’Enio nous a aussi beaucoup apporté. Fidèle en politique comme en amitié, il a su donner ses lettres de noblesse au joli nom de camarade. Et nous l’en remercions.

 

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