8 femmes ont témoigné auprès de Médiapart et de France Inter des agressions sexuelles perpétrées par Denis Baupin. Elles ont trouvé le courage, de briser le silence, de dépasser la culpabilité, ressentie par les femmes victimes d’agression, de faire fi des menaces de « briser leur réputation ou leur carrière ». « L’affaire » est sortie mardi 10 mai et depuis, la parole se libère. Des femmes, des collaboratrices, des élues, des journalistes… Toutes dénoncent le sexisme ambiant en politique. Il ne s’agit pas toujours d’agressions physiques ou sexuelles, mais d’un climat qui imprègne, d’un paternalisme affirmé, d’enjeux de pouvoir.
En avril 2012, le magazine féministe Causette, parlait même de « droit de cuissage à la Mairie » et interviewait des personnalités politiques, des associations, des victimes à ce sujet. L’association européenne de lutte contre les violences faites aux femmes au travail expliquait à cette occasion que les cas impliquant des élus concernaient 9% des dossiers traités par l’association. L’article mettait en exergue la difficulté des partis à parler de ce problème et à prendre position face à des élus accusés et parfois condamnés.
En avril 2015, un documentaire diffusé sur France 2 « Le sexisme en politique, un mâle dominant » faisait déjà état de la prégnance des mécanismes de domination masculine en politique : « Les attaques ouvertement sexistes, le double effort que doivent fournir les femmes politiques pour gagner en crédibilité ou encore la tyrannie de l’apparence dans un milieu où il faut être ni trop belle, ni pas assez… ».
La domination masculine est à l’œuvre dans toute la société, il est impossible d’imaginer que le milieu politique en soit exempté. Combattre le sexisme en politique, c’est aussi le combattre partout dans la Société. Et pour cela donner les moyens aux professionnels de l’éducation nationale, des plannings familiaux, aux éducateurs, aux acteurs de terrain, pour lutter contre les violences sexistes, les stéréotypes qui apprennent dès l’enfance aux filles qu’elles sont des objets avant d’être des sujets. Un travail remis en cause à chaque fois que des collectivités décident de diminuer les subventions aux associations luttant contre les violences faites aux femmes, pour les droits des femmes et pour l’égalité femme-homme.