Monsieur le maire,
Les informations contenues dans ce document de préparation budgétaire confirment ce que nous savions déjà . A savoir : notre commune est confrontée à 3 problèmes majeurs :
- Le niveau très élevé de l’imposition locale frappant les familles et notamment les locataires ;
- La politique de l’Etat de restriction de la dépense publique pour alimenter la rentabilité du capital ;
- Ce que vous appelez : votre « vision stratégique » pour Montfermeil.
Imposition locale
La taxe d’habitation est à un taux communal très élevé par rapport à la moyenne départementale : 20,10% contre 16,04%, soit une surimposition de 25%.
La taxe sur le foncier bâti est inférieure à la moyenne départementale (16,72% contre 22,17%). Mais cette différence ne fait qu’équilibrer le surcoût de la taxe d’habitation payée par les propriétaires. Qui plus est, cette différence est en fait payée par les locataires, qui sont lourdement pénalisés dans notre commune.
Politique de l’Etat
Depuis de nombreuses années, l’Etat transfère une partie croissante de ses dépenses sur les collectivités territoriales. Cette politique a pris une ampleur sans précédent avec les quinquennats de Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Il ne s’agit plus seulement de transferts de dépenses, mais aussi, et surtout, d’alléger la contribution des entreprises aux dépenses publiques en transférant cette contribution sur les familles : suppression de la taxe professionnelle avec Sarkozy et réduction massive des dotations aux collectivités locales pour financer les cadeaux aux entreprises avec Hollande (28 milliards jusqu’en 2017). On connait les résultats de cette politique mise en œuvre depuis une trentaine d’années : privatisation des services publics, hausse des impôts sur les familles et augmentation continue du chômage et de la précarité. Quel succès… pour les dividendes des actionnaires, qui eux ont gagné 10% du produit intérieur brut (PIB) en 20 ans.
Et si Montfermeil, tout comme la Communauté d’agglomération Clichy/Montfermeil, a pu, jusqu’à aujourd’hui, « bénéficier » de cette politique en percevant des compensations au titre des communes reconnues « défavorisées », cette situation a commencé à s’inverser en 2014, avec un solde négatif pour notre commune de 600.000 euros. Cette inversion est amplifiée pour 2015 : le solde négatif sera de l’ordre du million d’euros. Elle risque de s’aggraver si cette politique nationale se poursuit.
Votre politique municipale
Votre « vision » pour Montfermeil se résume à 2 mots : désenclaver, densifier. Le désenclavement, T4 et métro Grand Paris Express, que nous soutenons sans réserve, n’étant pas de votre responsabilité, reste la densification. Toute votre politique municipale et toute votre politique budgétaire sont orientées vers cet objectif : acquérir des terrains et des biens immobiliers pour les revendre à des promoteurs. L’essentiel des marges de manœuvre financières y sont consacrées : autofinancement, capacité d’emprunt, économies de fonctionnement…
Autofinancement : Vous avez pu jusqu’à aujourd’hui dégager un autofinancement très important, de l’ordre de 25% des recettes de fonctionnement, bien au-delà des ratios recommandés. Cela s’est fait au détriment des équipements publics de la ville. Car cet autofinancement était stérilisé en réserves financières pour l’acquisition éventuelle de réserves foncières. Mais là aussi, la courbe s’inverse. Et de manière très importante.L’autofinancement disponible pour les investissements va baisser de 52% en 2015, passant de 4 millions d’euros à 1,9 million, soit une baisse de 2,1 million ; et les recettes d’investissement hors emprunt vont baisser de 55%, soit une chute de 4,5 millions d’euros
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L’emprunt : Là aussi, l’évolution laisse présager un retournement de situation à moyen terme. Alors que la dette de la ville était relativement faible jusqu’en 2012, vous avez procédé à des emprunts en 2013 et 2014 qui ont entrainé une hausse globale de la dette de 6 millions d’euros. Et vous prévoyez d’emprunter 9,3 millions en 2015. La courbe des remboursements va commencer à peser plus lourdement sur le budget communal. Alors même que la dépense globale d’investissement pour 2015 va baisser de 800.000 euros.
Economies de fonctionnement : Si la commune va moins investir cette année (13,5 millions contre 14,3 millions en 2014, soit une baisse de 800.000 euros), par contre, ses dépenses de fonctionnement vont augmenter de 875.000 euros, notamment celles concernant le personnel communal : +3,3%, soit + 661.000 euros. A cet égard, nous souhaiterions connaître l’état des recrutements récent de personnel.
En conclusion : Les marges de manœuvre financières qui étaient les vôtres se réduisent comme peau de chagrin. Certes, la politique nationale y contribue largement. Mais c’est aussi la conséquence de la politique que vous menez en tant que maire depuis 12 ans. Vous n’avez pas su préparer l’avenir. Car, depuis 12 ans, vous menez la même politique libérale de réduction de la dépense publique que l’Etat. Vous avez fondé votre « vision » de Montfermeil sur la seule densification au détriment de l’activité économique, de la formation et des équipements publics. Votre politique contribue à faire de notre ville une super ville dortoir sous équipée, avec des impôts locaux très élevés. Tout le contraire d’une ville attractive.
En fait, l’attractivité de la ville, votre objectif prioritaire, régresse :
- - Montfermeil concentre une population de plus en plus pauvre (selon vos chiffres, le revenu moyen par habitant a diminué de 3,3% en 2014).
- - La valeur des biens immobiliers des Montfermeillois a baissé de plus de 10% ces 3 dernières années.
- - Entre 2006 et 2011, Montfermeil a perdu des emplois.
- - Et aujourd’hui, vous vous apprêtez à augmenter les impôts locaux.
Les Montfermeillois vont payer encore plus d’impôts pour moins de services et moins d’investissements publics. Ce dont vous vous êtes bien garder de les informer durant la campagne des municipales. Alors que tous les éléments financiers vous étaient connus, et que saviez que vous augmenteriez les impôts locaux. Vous avez menti par omission aux Montfermeillois.
Au cours de la campagne municipale, nous avons dit que vous emmeniez notre commune dans le mur. Aujourd’hui, nous sommes au pied du mur et vous entendez persévérer dans la même voie. Monsieur le maire, vous connaissez la citation : Errare humanum est, perseverare diabolicum…