C’est toujours avec beaucoup d’émotions que nous commémorons la date du 8 février 1962.
61 ans après, les Communistes de Montfermeil se sont rassemblé.e.s dimanche 12 février, pour ne pas oublier. Ni Fanny Dewerpe, ni les autres. Assassiné.e.s pour défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour défendre la Paix, toujours menacée.
Vous trouverez ci-dessous le texte de Pierre Girault, lu par Angélique Planet-Ledieu.
8 février 1962 – 8 février 2023
Commémoration du 61ème anniversaire du massacre au métro Charonne
La manifestation contre les attentats et crimes de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) et pour la paix en Algérie est sauvagement réprimée par la brigade spéciale de la police placée sous l’autorité directe du préfet de police Maurice Papon.
Il sera dénombré 9 morts (9 travailleurs syndiqués à la CGT dont 8 étaient membres du Parti Communiste Français) et des centaines de blessé-e-s.
La veille de cette manifestation, le 7 février 1962, (après des centaines d’attentats et d’assassinats…) dix plasticages de l’OAS résonnent dans Paris.
Dix personnalités favorables à l’autodétermination du peuple algérien sont visées, parmi lesquelles Raymond Guyot dirigeant du PCF (dont l’épouse fut blessée), André Malraux, ministre de la culture–(absent, et c’est une fillette de 4 ans, Delphine Renard, proche de son domicile qui est grièvement blessée et deviendra aveugle), Vladimir Pozner écrivain (blessé).
En riposte, une manifestation est annoncée pour le 8 février 1962 à l’appel des syndicats CGT, CFTC, UNEF, FEN et SNI de Seine-et-Oise. Des partis politiques PCF, PSU et le Mouvement de la Paix s’y associent.
Des dizaines de milliers de personnes descendent pacifiquement dans la rue aux cris d’OAS assassin, paix en Algérie.
Au moment de la dislocation le plus important cortège, au carrefour du métro Charonne, subit l’agression sauvage de la brigade spéciale de la police, qui a une volonté manifeste de tuer.
On dénombre 8 morts
- Jean-Pierre Bernard, 30 ans, dessinateur aux PTT;
- Fanny Dewerpe, 31 ans, secrétaire ;
- Daniel Féry, 15 ans, apprenti ;
- Anne-Claude Godeau, 24 ans, employée aux chèques postaux;
- Hippolyte Pina, 58 ans, maçon ;
- Édouard Lemarchand, 40 ans, employé de presse ;
- Suzanne Martorell, 36 ans, employée à L’Humanité ;
- Raymond Wintgens, 44 ans, typographe ;
Une neuvième victime, Maurice Pochard, employé de bureau, 48 ans, décède le 20 avril 1962 à l’hôpital à la suite de ses blessures.
Le 13 février 1962, un million de personnes venues de l’ensemble de la région parisienne et de province assistent aux obsèques des victimes du 8 février dans un immense défilé de la place de la république au cimetière du père Lachaise.
Le lendemain, les négociations reprennent avec le GPRA et aboutissent aux accords d’Évian le 19 mars 1962. Soixante et un ans après la République française doit reconnaître le caractère criminel de la répression, par les forces de l’ordre sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon, de Roger Frey ministre de l’intérieur et de Michel Debré Premier ministre.
A l’occasion du soixantième anniversaire du massacre, le 8 février 2022, le Président de la République, dans un communiqué, déclarait que : « Le 8 février 1962, une manifestation unitaire a été organisée à Paris pour la paix et l’indépendance en Algérie et contre les attentats de l’OAS. Elle a été violemment réprimée par la police: 9 personnes ont perdu la vie, plusieurs centaines furent blessées ». Avant d’ajouter : « Soixante ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes et de leurs familles ».
D’après l’entourage du chef de l’Etat, cité par l’Agence France Presse (AFP), cette initiative « s’inscrit dans une démarche globale de reconnaissance de toutes les mémoires liées à la guerre d’Algérie et qui vise à construire cette mémoire commune ».
Il faisait déposer une gerbe de fleurs par le préfet de police au cimetière du Père-Lachaise
C’est un petit pas qui ne saurait satisfaire la justice et la vérité.
La reconnaissance des responsabilités de l’État dans ces crimes doit être reconnue.