Pour celles et ceux qui douteraient de l’intensité de la bataille idéologique, il n’est à regarder le déferlement médiatique qui s’est abattu dans nos radios et télévisions à l’occasion du décès de M. Giscard d’Estaing.
Oui, des avancées sociétales ont été obtenues sous le mandat de VGE. Mais ces conquêtes étaient issues du rapport de force et des aspirations exprimées lors du grand mouvement de mai 1968. Elles étaient devenues incontournables. Ce sont d’ailleurs les voix de gauche qui ont permis l’adoption de la loi Veil sur l’IVG, face à une droite divisée.
M. Giscard d’Estaing, ce n’est pas seulement le président de la République de 1974 à1981. C’est aussi celui qui a été choisi par les libéraux européens pour piloter une intégration renforcée des pays au sein de l’Union européenne, détruisant souveraineté nationale et souveraineté populaire. C’est lui qui a porté le projet de Constitution européenne, avec sa « concurrence libre et non faussée », qui sera repoussé par les Français lors du référendum de 2005, avant d’être finalement mis en œuvre par Nicolas Sarkozy à travers le traité de Lisbonne en 2007.
C’est l’homme politique fidèle aux intérêts du capitalisme internationalisé et financiarisé, dont il a jeté les bases en France durant son septennat. Giscard, c’est celui qui inventa la spoliation populaire au service des marchés financiers naissants. Il fit un emprunt de 6 milliards de francs et le pays en remboursa 90 milliards
Les louanges qui lui ont été tressées ont visé aussi à accréditer l’idée que les Français n’auraient jamais dû élire François Mitterrand en 1981. Et nombre de commentateurs ont brodé autour du thème de la ressemblance entre l’actuel président et celui qui vient de décéder. Autrement dit : « braves citoyens qui souffrez tant, évitez de vous replonger dans les puissants mouvements sociaux qui ont eu lieu entre 1974 et 1981 contre le pouvoir Giscard-Barre et ne pensez surtout pas à une alternative de gauche aujourd’hui car vous avez le nouveau réformateur de la trempe de Giscard : Macron ».
Bref, le décès de M. Giscard d’Estaing a été l’occasion d’une formidable opération de propagande au service du système.