Hommage à Michel ROSENBLATT
ancien maire de Montfermeil, conseiller général
samedi 4 septembre 2021
Michel Rosenblatt, fut maire de Montfermeil de 1970 à 1978 et conseiller général de Seine-Saint-Denis de 1967 à 1979. Sous ses mandats, notre ville s’est dotée de 3 groupes scolaires, 2 gymnases, un stade, du collège Pablo-Picasso et a fait l’acquisition des bâtiments qui abritent aujourd’hui la mairie, la crèche municipale, la perception et le Musée régional des outils et des métiers d’autrefois. Sa famille, ses camarades et ami(e)s lui ont rendu hommage lors d’une cérémonie au cours de laquelle Pierre Girault a retracé sa vie. Les conseillers municipaux communistes demandent qu’un lieu ou un équipement de Montfermeil honore sa mémoire.
Discours de Pierre Girault
La vie de Michel n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. Né le 21 novembre 1927 à Paris, de parents immigrés juifs polonais qui s’installent à Montfermeil dans les années trente, Michel Rosenblatt obtient son certificat d’études primaires en 1939. Pour échapper aux persécutions antisémites, la famille part pour Châtenay-Malabry où elle vit clandestinement avec de faux papiers.
Après une formation au métier d’ajusteur, il est mécanicien en machines de bureau. Il adhère au PCF en 1945. En 1949 il revient à Montfermeil dans la maison familiale pillée. En 1951, il épouse Jeanne Goubaux, sténo-dactylo, puis secrétaire médicale et cadre à l’hôpital de Montfermeil. Ils ont deux filles.
Elu conseiller municipal de Montfermeil en 1953, premier adjoint en 1959, il devient journaliste en 1964 puis directeur de l’hebdomadaire du PCF, la Renaissance de Seine-Saint-Denis et le reste jusqu’en 1970.
Conseiller général du nouveau département de Seine-Saint-Denis de 1967 à 1979, maire de Montfermeil de janvier 1970 à novembre 1978, il conduira des listes d’union de la gauche en 1971 et en 1977.
Au cours de ses mandats de conseiller municipal, de premier adjoint, puis de maire, la ville investit massivement dans l’installation de l’eau courante sur tout le territoire communal et d’un réseau d’assainissement quasi inexistant en 1953. Entre les recensements de 1954 et 1975, la population triple et notre commune devient la plus jeune du département. Trois groupes scolaires, deux gymnases, un stade et le collège Picasso sortent de terre ; les services sociaux, cantines et colonies de vacances, se développent. La fête de la brioche naît en juin 1973.
C’est Michel Rosenblatt qui entame les discussions pour l’achat du cours privé la Haute Futaie qui deviendra la mairie. Sous son égide, la ville acquiert et restaure la propriété de la rue du Jeu d’Arc pour en faire la perception, transforme Le Vieux Logis, rue Henri Barbusse, pour installer la première crèche municipale, ouvre un centre culturel, développe la bibliothèque, entame la sauvegarde du Moulin promis à la démolition. En 1976, elle rachète le bâtiment de l’ancienne ferme, futur Musée régional des outils et métiers d’autrefois. Ses successeurs auront à cœur de réaliser les travaux nécessaires à la préservation de ce beau patrimoine local.
Quand il quitte ses fonctions de premier magistrat en 1978, il redevient réparateur de machines de bureau jusqu’à sa retraite en 1988 et continue de se mettre au service des autres, en assurant pendant de longues années la fonction de syndic bénévole de la copropriété où il réside, boulevard Hardy, mais aussi de l’immeuble, siège de la section du PCF au 48 rue Henri Barbusse.
Michel avait un sincère attachement à notre ville, à son histoire et il fut souvent pour moi une personne ressource précieuse, surtout dans les vingt dernières années, pour faire revivre des évènements qui avaient marqué notre commune et qu’il avait vécus. Son excellente mémoire permettait d’aller au-delà de la sécheresse des documents administratifs.
Michel avait une véritable détestation du racisme et ne manifestait aucune complaisance pour ceux qui tentaient par leurs propos ou leurs actes de réhabiliter les Français complices des nazis pendant la dernière guerre mondiale. En 1996, on l’a vu manifester dans notre commune et prendre la plume pour clamer son indignation de voir un de ses successeurs assister aux obsèques de Paul Touvier, condamné pour crime contre l’humanité.
Cette détestation était des plus légitimes pour un élu qui avait voulu et su rétablir des liens fraternels avec le peuple allemand en faisant vivre pendant ses mandats le comité de jumelage initié par son prédécesseur Henri Vidal en 1956, avec Wursterhausen an der Dosse, petite commune de RDA.
C’est aussi dans des moments plus intimes que j’ai pris la mesure, une fois encore de son appétit pour les activités culturelles. Amoureux du théâtre, c’était un habitué du festival d’Avignon ; mélomane passionné, il aimait se rendre au festival musical de Saint-Denis. Cette soif de culture, il l’avait traduite en actes dans ses mandats d’élu, comme une exigence naturelle et légitime pour aider à l’émancipation des hommes.
Enfin, comment ne pas rappeler la manière admirable avec laquelle il a accompagné pendant des années sa femme malade puis complètement dépendante, la prenant en charge jusqu’au bout dans leur petite pavillon du Bd Hardy. Il a fait preuve d’un engagement total, naturel et chaleureux qui forçait l’admiration et le respect, et nous rendait plus humbles.
En politique mais aussi en amour, Michel est allé au bout de ses convictions, sachant se mettre au service des siens et des autres.
Michel nous a vraiment quittés le 10 avril 2020. La ville de Montfermeil a perdu un homme qui l’a servie avec passion, ses camarades et ses proches un militant fidèle à ses idéaux de justice et de fraternité, sa famille et ses filles dont il était si fier, un père aimant.
Nous lui exprimons notre sincère reconnaissance et nous remercions ses filles de nous donner l’occasion de rappeler que le parcours de leur père fut celui d’un homme de cœur, d’un homme d’honneur.
J’emprunterai le dernier vers de Nuit et Brouillard écrit et interprété si magnifiquement par Jean Ferrat pour dire que notre ville s’honorerait de perpétuer son nom
« Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez ».