La spéculation sur les vaccins n’en finit plus de faire l’actualité. Une actualité indécente lorsqu’il s’agit d’une pandémie qui a déjà tué 1 million de personnes dans le monde. En décembre, on apprenait, grâce à une fuite du secrétaire d’Etat belge, que le prix des vaccins pour l’Europe (pourtant « couvert par la confidentialité », car les grandes firmes pharmaceutiques et les gouvernements ne souhaitent pas étaler au grand jour leur business) variait entre 1,78 euros (AstraZeneca) et 18 dollars (Moderna).
Avec la campagne de vaccination, le diktat des Big Pharma est encore plus scandaleux. Ils ont prévendu aux Etats des milliards de doses pour des milliards d’euros, alors qu’ils savaient ne pas avoir les capacités pour les productions correspondantes. Résultat : une pénurie organisée, mais juteuse, car selon un vieux principe de l’économie capitaliste : plus un produit est rare et plus il est cher. D’autant qu’ils sont propriétaires des brevets, interdisant aux Etats de produire eux-mêmes, et leur permettant non seulement de faire pression sur les prix, mais aussi de décider des pays et des populations à approvisionner en priorité. L’égalité d’accès aux médicaments est une condition indispensable du droit à la santé. Les vaccins devraient être des biens communs hors marché pour garantir l’accès de chacun. Il y a déjà 20 ans, la déclaration de l’OMC avait reconnu le droit des pays confrontés à une pandémie de faire primer les impératifs de santé publique sur la loi des brevets. Qu’attend-on pour appliquer cette déclaration ?